Il s’agit de la ligne Alger-Blida dont les travaux de terrassement commencèrent en 1858, exécutés par une main-d’œuvre militaire et suivant les consignes de l’empereur Napoléon III. Les festivités officielles annonçant l’inauguration solennelle de cette navette se sont déroulées quant à elles trois semaines auparavant. « Le soleil du 15 août 1862 se leva au bruit des salves d’artillerie qui annonçaient les solennités du jour.
L’Algérie, pour célébrer dignement avec toute la France la fête de l’Empereur, ajoutait au programme des réjouissances ordinaires l’inauguration de son premier chemin de fer…cinquante kilomètres de distance, mais c’est le commencement d’un réseau qui va bientôt s’étendre de tous les côtés… », écrivît le célèbre journaliste poète et écrivain français de l’époque, Théophile Gautier, lequel figurait parmi la délégation.
D’après des écrits historiques, c’est à 8h40 que la locomotive arriva à Blida avec des roulements de tambour et de vives acclamations de la foule. Comme quoi, un fait unique et extraordinaire à la fois qui venait de se produire. Ce fait unique des années 1800 serait semblable à la conquête spatiale des années 1960. Plusieurs discours furent lus pour marquer l’événement, dont celui du maréchal Pélissier, gouverneur général d’Algérie à l’époque. Nous avons appris également qu’à l’occasion de cette inauguration, un banquet réunissait de hautes personnalités politiques, des écrivains journalistes, le sous-préfet, le maire de Blida, ainsi que des responsables du chemin de fer au niveau du Bois sacré, jardin d’oliviers qui existe toujours, entourant la sépulture de Sidi Yakoub, un saint musulman, venu du Maroc.
L’inauguration de la ligne ferroviaire Alger – Blida provoqua aussi une grande fête dans la capitale qui avait duré jusqu’à une heure très tardive de la nuit avec des tirs de feux d’artifice sur l’esplanade de Bab El Oued et la décoration des immeubles où d’innombrables jolis lampions avaient transformé en ambiance de jour cette nuit exceptionnelle. Depuis, le transport par chemin de fer n’a pas cessé d’évoluer en jouant un rôle important dans la desserte des ports et des grands centres urbains de la bande côtière, arrivant jusqu’à 4320 km de voie ferrée.
Son évolution a été en rapport notamment avec les activités agricoles, minières et industrielles, et surtout la croissance et le déploiement des populations au niveau des importantes banlieues d’Alger, Annaba et Oran. Ce transport possède un appréciable impact sur la croissance économique, tout en étant le complément essentiel aux autres modes. Moins polluant, plus sûr et plus économique en matière de consommation d’énergie, il ne défigure en outre pas l’environnement et contribue au désenclavement des zones déshéritées.
A titre d’exemple, un train céréalier complet équivaut à 55 semi-remorques, ce qui permet d’éviter la circulation routière et ses nombreux aléas : dommages corporels et matériels… Durant les années 1990, ce secteur a connu des périodes de « laisser-aller », en étant surtout victime des sabotages terroristes. Actuellement, une politique de redynamisation est mise sur « rails » à travers, notamment, l’électrification et la réalisation de nouvelles lignes, ainsi que l’acquisition d’un matériel et d’équipements modernes. Pourvu que le train arrive à l’heure…
[via elwatan.com]